L'adrénaline du sauvetage
Au Royaume-Uni, les jeunes de vingt ans passent l'été entre deux semestres universitaires à retrouver leurs amis, à se rendre à des festivals et, d'une manière générale, à faire tout ce qu'il faut pour tenir le monde du travail à distance.
Pour Gemma Alcock, les choses étaient un peu différentes. Tout est parti de son expérience en tant que maître-nageuse de plage de la Royal National Lifeboat Institution (RLNI), point de départ d'une carrière consacrée à la sécurité publique. Au cours de sa première saison, Gemma a été la première à secourir un nageur en difficulté, à environ un kilomètre du site de l'équipe, sur les côtes du Dorset, en Angleterre.
Le nageur était déjà mort cliniquement, mais grâce aux efforts de Gemma et de ses collègues arrivés plus tard en jet ski, il a pu être réanimé et une vie a été sauvée. Gemma avait l'habitude de travailler sous une pression extrême, ayant récemment rejoint un club de parachutisme. Toutefois, rien ne garantissait qu'elle pourrait garder son sang-froid dans l'eau et sur terre.
« J'ai réalisé à ce moment-là que je pouvais le faire. Certains maîtres-nageurs de plage passent des années avant de vivre cette première expérience et de prendre conscience de leur blocage », confie-t-elle.
« J'ai été confrontée très tôt dans ma carrière de maître-nageuse au sauvetage d'une vie, et cela a grandement influencé la suite, car cette situation n'aurait pas dû arriver. Cette personne était morte cliniquement au moment où je suis arrivée à sa hauteur » - Gemma Alcock
Le problème ce jour-là n'était ni l'effort, ni la compétence, ni la prise de décision. Mais le manque de connaissance de la situation des maîtres-nageurs. Comme ils ne surveillaient qu'une partie du littoral et ne disposaient pas d'une couverture totale, le nageur n'a été sauvé que parce qu'un membre du public l'a repéré en détresse. Les choses auraient pu être très différentes.
Cette expérience a conduit Gemma à se renseigner sur d'autres disciplines de la sécurité publique, sur l'utilisation de l'appui aérien dans la recherche et le sauvetage et, notamment, sur les avantages potentiels de la technologie des drones. Tout ceci a abouti à un projet de conception au cours de sa dernière année à l'université, récompensé par le prix de l'Innovation en ingénierie de la Royal Academy of Engineering. Après avoir suscité l'intérêt de services d'urgence du monde entier, le concept est devenu le fondement de l'entreprise de Gemma, SkyBound Rescuer.
Lancement d'un réseau de drones de sécurité publique
SkyBound Rescuer a été lancée en 2015 afin de favoriser l'adoption de la technologie des drones dans le domaine de la sécurité publique via trois axes principaux : la recherche, l'innovation et l'éducation. En fournissant des données systématiques démontrant le potentiel des drones, en offrant des conseils sur les meilleures pratiques et en partageant cette expertise avec l'ensemble du secteur, SkyBound Rescuer est devenu une source de référence pour les services d'urgence prêts à utiliser des drones.
Après d'innombrables projets de recherche, d'ateliers et de conférences, Gemma a obtenu des investissements et un financement de l'État pour faire évoluer SkyBound Rescuer et transformer la sécurité publique au Royaume-Uni.
Depuis mars 2022, Gemma n'est plus seule sur scène, son équipe compte désormais 11 personnes. L'entreprise a également connu un changement de direction. Suite à des années de recherche rigoureuse sur les meilleures pratiques en matière de sécurité publique, SkyBound Rescuer développe désormais une solution logicielle et mène des projets ambitieux pour développer un réseau national de stations de drones automatisées. L'objectif est de fournir des drones à la demande pour tous les types de services d'urgence.
SkyBound Rescuer sera propriétaire de l'infrastructure, tandis que les équipes d'urgence pourront s'abonner au service et accéder aux drones. « Chacune de ces stations peut être utilisée par les policiers, les pompiers, les garde-côtes et la NHS », explique-t-elle.
Le réseau et le logiciel tireront les enseignements de toutes ces recherches et les intégreront aux processus de la sécurité publique. « Les utilisateurs doivent simplement sélectionner une zone et reçoivent un plan de mission optimal pour leur cas d'utilisation. Les organismes de sécurité publique ne pourraient pas atteindre, seuls, ce niveau de service en raison des coûts impliqués et de leur politique de partage d'équipements ».
La promesse d'un service de réseau de drones avec un logiciel de sécurité publique intégré est bien plus réalisable qu'on ne le pense. Gemma la considère comme la prochaine étape logique qui pourrait avoir un impact considérable sur les résultats en matière de sécurité publique. Tout cela est possible grâce au développement rapide du matériel et des logiciels des drones. Cependant, Gemma et son équipe ont également réussi à convertir des années de données de recherche inestimables en un logiciel capable de planifier et d'effectuer des vols de manière plus efficace qu'un technicien de la sécurité publique qualifié. Les participants à l'Airworks 2022 ont pu assister au lancement du Guide Drone SAR Altitude, un outil destiné aux premiers secours utilisant des drones pour retrouver des personnes disparues. Le logiciel SkyBound Rescuer va transformer les meilleures pratiques de ce genre, en intégrant plus de 20 algorithmes et décisions différents.
Intégration de la station d'accueil DJI Dock
Bien que le réseau de drones de sécurité publique de SkyBound Rescuer utilise différents types d'équipements matériels, la station d'accueil DJI Dock est un élément central. Gemma attend l'arrivée de la première unité pour les tests vers la fin du mois de mars 2023. Le logiciel SkyBound Rescuer a déjà été intégré à Cloud API de DJI.
« Nous pouvons placer ces stations de drones automatisées dans des zones à risque, puis, grâce à notre logiciel, n'importe quel service d'urgence peut les utiliser à la demande pour sauver et protéger des vies ».
« Les gens pensent que les situations d'urgence peuvent se produire n'importe où. Cependant, quand on étudie les données historiques, on constate que la zone joue un rôle essentiel dans de nombreux incidents », explique Gemma, « certaines zones présentent des risques élevés de criminalité, d'autres de noyade ou d'autres types d'incidents. Installée dans un emplacement fixe, la station apporte une valeur ajoutée significative, car le drone est prêt à partir à tout moment et peut intervenir rapidement dans ces zones à haut risque ».
La station d'accueil DJI Dock est compatible avec le M30. Toutefois, d'autres cas d'utilisation, potentiellement plus actifs, pourraient nécessiter une plateforme de plus grande capacité. Gemma indique que la société étude également le potentiel de l'intégration du DJI M300 dans un réseau multi-agences pour permettre la livraison rapide de défibrillateurs.
Une jeune fondatrice face aux sceptiques
Gemma possède des années de données de recherche pour étayer ses meilleures pratiques. Cependant, cela n'a pas toujours été suffisant dans deux secteurs à forte dominante masculine, la technologie et la sécurité publique. L'évolution dans le monde de la sécurité publique est également inévitablement lente. Lorsque des vies sont en jeu, l'introduction de nouvelles méthodes dans des processus éprouvés se fait avec prudence.
Son statut de jeune fondatrice a joué un rôle dans l'accueil qui lui a été réservé lors de conférences et en ligne, où elle a parfois été remise en question d'une manière pas toujours constructive.
« Lorsque je fais une présentation lors d'une conférence ou en ligne, il y a toujours une ou deux personnes qui me demandent : comment en êtes-vous arrivée là, quelle est la source de ces données ? En tant que jeune femme, je me démarque quelque peu des autres qui se considèrent comme plus expérimentés », explique-t-elle. « Je ne réponds pas toujours à ces propos, car certaines personnes ne seront jamais convaincues, peu importe les preuves que j'apporte. Il faut donc bien choisir son combat, notamment en ligne. La plupart du temps, ce n'est qu'une question d'éducation. Je leur donne plus de contexte et ils m'en remercient ».
Gemma cite Serena Williams et Deborah Meaden, femme d'affaires britannique et pilier de la série Dragon's Den de la BBC, comme des figures inspirantes qui ont fait largement leurs preuves dans des environnements similaires.
« Il faut se justifier tout le temps. Cela prend du temps. Lorsqu'on commence à réussir là où ils ont échoué, on gagne peu à peu leur respect. Mais c'est bien plus lent que dans le sport, par exemple. Je vois de plus en plus de femmes rejoindre ces secteurs, ce qui est incroyable. J'espère que mon expérience montrera aux jeunes filles qu'elles y ont aussi leur place ».
Gemma Alcock cherche à révolutionner la sécurité publique grâce à la technologie des drones. Pour en savoir plus sur le travail de SkyBound Rescuer, rendez-vous sur le site Web de l'entreprise en cliquant ici.