On ne présente plus la station de renommée internationale de Val Thorens, qui fait partie du domaine skiable des 3 Vallées au cœur des Alpes françaises. Affichant un total de 600 km de pistes skiables, cette vaste étendue de pistes venteuses et de descentes poudreuses font de Val Thorens la plus haute station de ski en Europe au sein de la plus grande région skiable du monde. C’est une destination prisée qui a été élue meilleure station de ski au monde sept fois sur ces huit dernières années.
Val Thorens est fière de sa réputation de pionnière reconnue pour son caractère de station de ski parmi les plus innovantes dans le monde où l’adoption de solutions de haute technologie est une priorité pour améliorer l’expérience de glisse et de son public.
Ces dernières années, Val Thorens a vu l’introduction de Beti, une navette autonome, SNOWSAT, un système GPS qui guide les dameuses avec des données en temps réel comme l’épaisseur de la neige, ou encore un nouveau logiciel conçu pour aider au contrôle des avalanches et au flux des skieurs.
Au cœur de l’esprit pionnier de Val Thorens, la patrouille de ski de la vallée de Belleville est composée de plus de 200 équipiers qui travaillent sans relâche à la sécurité du domaine skiable, à l’entretien des équipements et infrastructures essentiels et au sauvetage de skieurs en détresse.
Équipe drone de Val Thorens
Origine du programme de drone de montagne
Olivier Gardet, directeur technique de la patrouille de ski et Benjamin Blanc, directeur général de la patrouille de ski sont les deux visionnaires qui se sont penchés en premier sur la possibilité de déployer la technologie de drone pour élever les opérations de la patrouille.
Bien que les drones aient attiré un large public en quelques années seulement, parmi eux les athlètes et globe-trotters du monde entier, ils ont toujours été rares dans les stations de ski. L’altitude, les passages fréquents d’hélicoptères et les zones naturelles protégées sont à l’origine de zones de restrictions du vol dans lesquelles se trouvent souvent les stations.
Bien que les professionnels de la sécurité publique puissent demander une autorisation temporaire de vol via le programme QEP de DJI, d’autres entreprises, comme celles de Val Thorens, doivent passer par un processus d’autorisation plus long. Olivier Gardet, qui a identifié l’immense potentiel des drones pour les opérations de la patrouille de ski, n’était pas découragé. Cet amateur de drone et pilote professionnel depuis 2013 a joué un rôle crucial en testant plusieurs drones sur le terrain. Sur sa recommandation, la patrouille de ski de la vallée de Belleville a choisi un Matrice 210 avec les Zenmuse Z30 et XT2 (la plateforme la plus récente étant le Matrice 300 RTK avec la gamme de Zenmuse H20).
La première opération officielle de drone à Val Thorens a eu lieu dès l’hiver 2018-2019. Plusieurs équipes de la patrouille ont immédiatement eu des retours positifs parce que les drones les ont aidé non seulement à économiser et gagner du temps, mais aussi à améliorer la sécurité. Il était évident pour eux qu’il fallait pérenniser ce constat, et avant l’hiver 2019-2020, ils ont officiellement créé la Cellule drone de la Patrouille de ski.
La sécurité des skieurs est leur mission
Au premier abord, on pourrait croire que l’activité principale des patrouilleurs était les missions de recherche et sauvetage. Mais leurs responsabilités sont en fait aussi vastes que la montagne qu’ils patrouillent. Certaines missions de routine de leur métier incluent :
- Le damage des pistes
- Le balisage des obstacles et l’installation de barrières
- La réparation et l’entretien du matériel (autoneige, neigeuse...)
- La reconnaissance des zones hors-piste
- La prise en charge des opérations paravalanche
« Tout endroit accessible depuis une remontée mécanique doit être sûr pour tous les skieurs », explique Olivier Gardet. « Si l’un des membres de la patrouille considère qu’une piste n’est pas assez sûre, la station la laisse fermée jusqu’à ce que le danger soit écarté ».
Reconnaissance des pentes et évaluation des risques
L’équipe de la cellule drone est composée de trois pilotes professionnels dont Olivier Gardet. Le cœur de sa mission est d’assister la patrouille de ski dans ses tâches de maintien de la sécurité du domaine skiable. Les équipes font fréquemment appel au drone pour une variété de missions. Les demandes de reconnaissance sont les plus communes.
Avant de déclarer qu’une piste est sûre pour les skieurs, les patrouilleurs devaient inspecter chacun de ses recoins eux-même, ce qui était très chronophage. S’ils rataient une zone pendant leur reconnaissance, ils devaient remonter puis redescendre.
L’ajout du drone à leur panoplie permet aux équipes de réaliser les reconnaissances des pistes et de localiser les dangers avec précision. Les patrouilles peuvent ainsi évaluer les pentes de façon plus efficace et plus sûre.
La reconnaissance par drone est encore plus importante pour sécuriser les zones hors-piste (hors des pistes balisées). Bien qu’auparavant les patrouilleurs devaient inspecter manuellement ces zones dangereuses pour identifier celles qui requièrent des opérations paravalanches, à présent, un drone peut réaliser cette mission.
Le Matrice 210 est déployé en opération de recherche de routine sur les pistes
L’inspection des infrastructures de montagne facilitée par les drones
Les stations de ski possèdent des équipements onéreux qui sont constamment exposés à des conditions extrêmes. Certaines infrastructures incluent des remontées mécaniques, des câbles, des structures de communications, des équipements de sécurité et bien plus. Traditionnellement, l’intégrité structurelle est vérifiée physiquement en envoyant des patrouilleurs sur place pour effectuer une inspection manuelle. Grâce à l’équipe de drones de Val Thorens, le personnel est envoyé uniquement quand des réparations sont nécessaires.
Les drones changent la donne des inspections de Gazex
Peut-être que le meilleur exemple est l’inspection des Gazex. Un Gazex (abréviation de « gaz explosif ») est l’un des dispositifs les plus importants dans la protection paravalanche. Ces structures sont construites au sommet de certains pics et de flancs de montagnes, ou en haut des pentes, et sont constitués d’un réservoir de gaz connecté à un tube. Lorsque la patrouille détermine que des mesures paravalanches sont nécessaires, elle déclenche un mécanisme d’étincelle à distance. L’explosion du gaz est dirigée vers la pente et provoque une avalanche contrôlée.
Il y a 101 Gazex dans les montagnes de la vallée de Belleville. Le climat rigoureux sur les sommets ainsi que les explosions elles-mêmes requièrent des inspections et entretiens structurels de routine sur les 101 Gazex. Plusieurs Gazex ne sont pas accessibles à pied. Les experts doivent habituellement accéder à la structure en hélicoptère pour l’inspecter. S’ils déterminent qu’une opération de maintenance est requise, il leur faut revenir en hélicoptère lors d’un second vol pour apporter le matériel et les outils.
Les inspections à distance par drone sont possibles grâce au zoom puissant de la caméra DJI Zenmuse Z30 et à l’imagerie thermique de la DJI Zenmuse XT2. Le zoom et les DJI Goggles RE offrent un niveau de détail satisfaisant pour le travail des experts, tandis que les images thermiques affichent ce que les yeux ne voient pas. Si aucune réparation n’est requise, aucun vol d’hélicoptère n’est nécessaire, ce qui permet à la patrouille de ski d’économiser environ 10 000 € par an (chaque vol est estimé à 1 000 € et il y a environ 10 Gazex accessibles par hélicoptère). Si une réparation est requise, seul un vol d’hélicoptère est nécessaire au lieu de deux, permettant de réduire les coûts d’opération de moitié.
L’impact des drones dans la recherche et le sauvetage en montagne
Bien que la Cellule drone fait de son mieux pour éliminer les dangers, une catastrophe peut survenir à tout moment en montagne. Dans ces situations, les drones sont devenus un outil irremplaçable dans la recherche et le sauvetage.
La recherche et le sauvetage de skieurs avec des drones
Les drones, à l’instar des hélicoptères, apportent des perspectives aériennes importantes pour aider les équipes de recherche à trouver des skieurs disparus. Ils peuvent guider l’équipe au sol, voir au travers de certains obstacles et accéder à des terrains accidentés. Les deux caméras s’avèrent utiles, particulièrement les images de la XT2, capables d’afficher la signature thermique des personnes à travers des arbres, le brouillard ou l’obscurité.
« Nous avons aussi un système de transmission vocal installé sur le drone pour communiquer les messages aux victimes après les avoir localisées. Le drone peut s’approcher d’elles et émettre des messages. Cela devient leur premier point de contact pour combattre l’isolation et garder leur moral. Bien qu’ils ne peuvent pas répondre à ces questions, ils savent que nous allons arriver ».
Déploiement de drone rapide lorsque chaque moment compte
Une victime d’avalanche peut survivre un maximum de 20 minutes sous la neige et la patrouille de ski prend en moyenne 10 minutes pour arriver sur site. Le déploiement rapide du M210 avec les Zenmuse Z30 et XT2 permet de gagner un temps précieux. Le drone peut éviter des obstacles et voler directement vers la zone de l’avalanche pendant que les caméras avec zoom et thermique peuvent détecter des signes de victimes. La patrouille de ski estime que le drone permet de gagner environ 5 minutes cruciales dans cette fenêtre de 20 minutes.
C’est comme cela qu’un skieur de 70 ans a été sauvé alors qu’il était quasiment entièrement enseveli sous la neige et qu’il était blessé à la cheville. Cet événement a été largement partagé dans la presse comme étant la première fois qu’un drone sauve une vie. Des minutes vitales ont été gagnées ce jour-ci.
Les données aériennes éloignent la patrouille de ski du danger
En 2020, Val Thorens a recensé 15 avalanches. Auparavant, la patrouille de ski devait envoyer une équipe pour reconnaître la zone de l’avalanche et rechercher des traces de victimes. C’est une tâche particulièrement dangereuse parce que le terrain est accidenté et le risque d’une suravalanche présent.
Grâce aux données aériennes fournies par la cellule drone, la patrouille de ski n’a envoyé une équipe que quatre fois pour rechercher des victimes. Cela signifie que lors des 11 autres avalanches en 2020, la cellule drone a pu déterminer à distance que le déploiement n’était pas nécessaire.
La cellule drone estime que ces 11 reconnaissances par drone ont permis d’économiser 5 000 € de coûts liés à la main d’œuvre.
« Un jour, nous sommes allés faire une reconnaissance d’une avalanche avec le drone sous la pluie. Tout s’est bien passé et les caméras se sont bien comportées. Nous avons confirmé qu’il n’était pas nécessaire d’envoyer une équipe sur place. Étant donné les conditions climatiques défavorables, nous avons aidé la patrouille en lui évitant de se mettre en danger ».
Les opérations de drone de nuit en montagne
À Val Thorens, la capacité à réaliser des missions de nuit avec des drones est un avantage décisif pour la patrouille de ski. Le DJI Matrice 210 V2 de la Cellule drone est entièrement équipé pour les vols de nuit grâce aux feux auxiliaires, qui le rendent clairement visible depuis le ciel et le sol. Le récepteur ADS-B intégré identifie les positions des aéronefs avec pilote proches et alerte le pilote en avance de potentielles collisions. Sa caméra thermique DJI Zenmuse XT2 peut percer l’obscurité, le brouillard et la neige. Tout cet équipement est alimenté par une paire de batteries de vol intelligentes TB55 auto-chauffantes et interchangeables qui peuvent résister aux basses températures, jusqu’à -20 °C, et qui offrent une durée de vol maximale de 30 minutes.
La patrouille de ski, aidée par un drone dans le ciel, travaille énormément de nuit pour préparer les pistes de ski avant l’ouverture de la station le matin. La perspective élevée offre des données aux conducteurs de dameuses en indiquant les zones à damer ou celles qui ont besoin de plus de neige avec les canons à neige.
Le futur des technologies de drone dans les stations de ski
Il reste à explorer de nombreuses opportunités de croissance et d’innovation en ce qui concerne les drones et leur place dans les stations de ski. Par exemple, l’imagerie thermique par drone seule peut parfois avoir du mal à détecter les personnes profondément ensevelies sous la neige. Plusieurs projets existent qui tentent d’intégrer un DVA (Détecteur de Victimes d’Avalanche) aux drones. C’est un outil essentiel qui sert à localiser les victimes ensevelies sous une avalanche et avoir la possibilité d’utiliser cet outil à distance via un drone changerait beaucoup de choses. Ces innovations ne sont pas finalisées mais dans le même temps, la technologie de drone actuellement disponible permet déjà de gagner du temps et faire faire des économies au personnel, tout en réduisant les risques.
À l’avenir, les nouvelles technologies et les outils continueront à améliorer la sécurité dans les stations de ski. La Cellule drone se prépare déjà à rafraîchir son équipement et à acquérir un DJIMatrice 300 RTK avec la nouvelle caméra DJI Zenmuse H20T. Cette caméra présente une fonctionnalité qu’ils sont impatients d’utiliser : il s’agit du télémètre laser qui fournit les coordonnées précises d’un point observé à distance. Ils comptent aussi intégrer les vols planifiés automatiques dans des zones où les skieurs se perdent souvent afin de rendre la recherche plus rapide et plus sûre. Vous pouvez en savoir plus sur les capacités d’inspection du Matrice 300 RTK ici.
En guise de conclusion, Olivier Gardet pense que les stations de ski vont de plus en plus s’intéresser à l’utilisation des drones en montagne et qu’il est essentiel de prendre le temps de se préparer car les drones vont changer les façons de travailler pour les secours. Nul doute qu’Ils deviendront un outil indispensable à l’avenir.